Les Bouddhas de la vallée de Bâmiyân, de par leur monumentalité, attirent rapidement l’attention des archéologues de la DAFA. Alfred Foucher visite le site en novembre 1922, André Godard et son épouse s’y rendent à l’été 1923, suivis par Joseph Hackin en juin et novembre 1924. Leurs observations donnent lieu à la première publication des Mémoires de la DAFA en 1928, Les Antiquités Bouddhiques de Bâmiyân. Les deux immenses statues, respectivement de 55 et 38 mètres de hauteur, y sont décrites : le « Petit Bouddha » est considéré comme un premier essai imparfait, aux traits et aux formes monstrueux, tandis que le « Grand Bouddha », malgré une destruction importante en plusieurs endroits, est décrit comme plus harmonieux, c’est-à-dire plus proche des canons hellénistiques. Les peintures et les grottes occupent une partie importante des relevés, des plans et des dessins – réalisés dans des conditions périlleuses –, et constituent avec les illustrations un corpus de grande valeur des vestiges bouddhiques.
De retour à Bâmiyân de mai à septembre 1930, J. Hackin s’adjoint l’aide de Jean Carl, le nouvel architecte de la DAFA, et d’Emile Bacquet, mouleur-statuaire. Grâce aux nouveaux moyens matériels dont ils disposent (tours, échelles cordes, lampes et projecteurs), des grottes alors inaccessibles sont atteintes, et leurs peintures étudiées avec précision. Des fouilles sont également entamées, sous la forme de sondages au pied de la falaise, mettant au jour de nombreux fragments de statues et statuettes, ainsi que des manuscrits, dans une galerie qui se révèle être une grotte ornée de peintures. Le sanctuaire composé de deux grottes jumelées de la vallée de Kakrak, qui débouche dans celle de Bâmiyân au sud-est des Bouddhas, fait également l’objet de relevés.
J. Hackin distingue dans les grottes de Bâmiyân celles antérieures au IIIe siècle, toutes réparties autour du Bouddha de 55 mètres; les autres, situées autour du Bouddha de 38 mètres, démontrent une influence sassanide et pourraient ainsi être datées du IIIe au Ve siècle. Un dernier groupe s’échelonnerait du VIe au VIIe siècle, en raison des emprunts aux influences perses et hellénistiques orientales. Or, le Bouddha de 38 mètres est selon J. Hackin antérieur à son jumeau de 55 mètres, ce qui se concilie mal avec les datations des grottes. Les recherches de Z. Tarzi viendront près de 40 ans plus tard renverser cette chronologie, en consacrant l’antériorité du Bouddha de 55 mètres.

Pour plus d’informations.

Bibliographie sur Bamiyan

– A. & Y. Godard, J. Hackin, Les antiquités bouddhiques de Bâmiyân, Mémoires de la DAFA II, Éditions G. van Oest, Paris et Bruxelles, 1928.

– J. Hackin, avec la collaboration de J. Carl, Nouvelles recherches archéologiques à Bâmiyân, Mémoires de la DAFA III, Éditions G. van Oest, Paris, 1933.

– J. Hackin, J. Carl & J. Meunié, Diverses recherches archéologiques en Afghanistan (1933-1940), Mémoires de la DAFA VIII, Paris, 1959.

– Z. Tarzi, L’architecture et le décor rupestre des grottes de Bâmiyân, Bibliothèque du Centre de recherches sur l’Asie centrale et la Haute-Asie, Archéologie en Asie centrale et en Afghanistan Vol. I, Imprimerie Nationale, Paris (2 vol.), 1977.